Le couvent des damnées : tome 1 - Minoru TAKEYOSHI
Au XVIe siècle, dans le Saint-Empire romain, l’Inquisition condamnait de nombreux innocents au bûcher. Privée de sa famille, Ella se retrouve envoyée dans un couvent qui rééduque “les filles de sorcières”. Tortures et miracles viendront-ils à bout de la flamme de vengeance qui brûle en elle ?
Cette série est catégorisée comme étant seinen.
Petit rappel
Seinen : Récits d’aventure, intrigues sentimentales, thrillers ou chroniques de la vie quotidienne, les mangas pour adultes abordent tous les thèmes et tous les registres imaginables. Sujets, univers, graphismes varient, du réalisme le plus sobre à l’outrance, qu’elle soit comique ou dramatique. Les récits sont pour la plupart graves, intimistes, ou au contraire épiques.
Si ce type de manga reprend les thèmes abordés dans les shonens, les intrigues sont plus complexes et les personnages plus subtils et plus difficile a cerner.
Si la vengeance est un plat qui se mange froid, le couvent des damnées serait une crème glacée !
Ce titre nous narre le destin funeste de la jeune Ella. Dotée d’une personnalité un peu étrange, elle se sauvera du cocon familial, lorsque ses parents tenteront de la vendre. A la rue et sans le sou, elle vole pour se nourrir, mais finit par se faire attraper. Sur le point de se faire couper la main comme punition du vol, elle sera sauvée et adoptée par une sage-femme du nom d’Angelika. Son métier, très mal vu puisqu’il remet en cause les enseignements du Saint-Empire romain, lui vaudra une condamnation à mort. Un destin qui semble s’acharner sur la jeune fille… Car, Ella sera envoyée au même endroit que toutes les orphelines victimes de la chasse au sorcières… Au couvent du partage des eaux. Enrôlée et soumise au conditionnement de cette institution, notre jeune fille se voit destinée à devenir une femme d’église après les trois ans d’enseignement prévus. Mais pour Ella, ses plans sont tous autres : accomplir sa vengeance ! Car c’est là la seule motivation qui lui donne la force de vivre et d’avancer. Et pour accomplir sa vengeance, son plan et sa cible sont déjà clairs… Se rapprocher de Madame Eldegard, la grande maîtresse de l’ordre de Claustrum, celle qui a fait exécuter Angelika, afin de mettre un terme à sa vie !
Son trait et ses formes n’ont rien de particulièrement original, en revanche c’est le travail de l’auteur sur l’ambiance globale qui sert parfaitement le temps du récit. La mise en scène se veut alors légère quand il le faut, jusqu’à dégringoler pour symboliser la descente aux enfers de l’attachante héroïne. Pour le reste, le doute et la haine marquent le style du mangaka qui nous plonge ainsi dans l’état d’esprit d’Ella, la colère qui l’habite et les doutes qu’elle entretient sur tout ce qui l’entoure. Chaque personnage qui entoure l’héroïne nous apparaît ainsi suspect, y compris ceux qui agiraient de manière bienveillante à son égard. La dernière partie du tome sait faire le point entre les alliés et les ennemis de la protagoniste, mais preuve que le récit a besoin de ces éclaircissements tant l’esthétique de l’auteur est volontairement malsaine.
Le style graphique de Minoru Takeyoshi sied parfaitement à l’oeuvre et lui donne un coté brutal.
Un huis-clos haletant, passionnant mais surtout terrifiant : je n’ai même pas envie de parler des graphismes tellement c’est puissant, et je suivrai ce manga jusqu’au bout. Ella cette fille de 12 ans qui n’a rien à envier au Michael Scofield de "Prison Break". Elle est déterminée, ade la ressource, c'est un personnage haut en couleur. Ella, le personnage principal du couvent des damnées est intelligent, très lucide et mature pour son âge. Elle, qui a vécu une existence précaire dans sa famille nombreuse et très pauvre se voit adoptée par Angelika. Là-bas, elle connaîtra enfin le bonheur, la complicité, et même une certaine éducation. On ressent qu’une certaine joie de vivre s’empare du personnage qui n’en avait jamais connu auparavant. Une courte gaieté bien vite anéantie par Madame Eldegard et ses sbires.
Côté ambiance, l’auteur sait montrer son personnage sous des traits doux, notamment pendant sa vie quotidienne chez Angelika, mais se démarque beaucoup plus pendant les moments sous tension. On discerne bien les sentiments des différents protagonistes, qu’il s’agisse de la peur, de la colère, ou le mépris.
Vous l'aurez compris pour moi ce premier tome est un opus. J'ai vraiment eu un coup de coeur pour cette hsitoire. J'attend avec impatience de lire la suite. Un véritable coup de coeur.